Décryptez l'énigmatique morabeza, mode d'accueil du voyageur à la fois chaleureux et discret mais aussi façon d'être, et percez le secret d'un contact réussi avec les Capverdiens.
Rencontre sur un sentier de Santo Antão
Entrer en contact avec les habitants au Cap-Vert : simple comme « Bom dia » !
Tout commence par un coup d’œil chaleureux, accompagné d'un joli sourire valant invitation. C'est simple comme « Bom dia ! », le bonjour enjoué, à la mode capverdienne, qui suit immédiatement. Véritable sésame...
Deux petits mots seulement, et la glace est brisée. Votre interlocuteur s'ouvre, tout aussi largement que son sourire. « Abordage » réussi !
Il surmonte astucieusement la barrière de la langue en assemblant quelques mots de français ou d'anglais connus pour balbutier deux ou trois questions anodines. La conversation s'engage, l'échange commence. Il est heureux de connaître votre prénom, votre appréciation du Cap-Vert, de savoir quels autres pays vous avez visités mais aussi d'où vous venez.
Il y a alors de fortes chances pour qu'il vous fasse part à son tour d'un désir voire d'un projet de séjour dans votre pays, votre région ou qu'il mentionne un membre de sa famille installé près de chez vous. Peut-être votre voisin ? Votre nouvel ami vous aura au passage révélé que du fait d'une importante diaspora, les Capverdiens ont de la famille partout dans le monde! Vous vous demanderez alors probablement combien de Capverdiens vous avez déjà connus ou simplement croisés, sans le savoir ou sans y prêter grande attention. Mais oui, le facteur... Et ce petit restaurant de quartier devant lequel vous passez de temps en temps... et dont vous vous déciderez à pousser la porte à votre retour. A l'autre bout du monde, prenant conscience du lien qui vous unissait à ce petit pays bien avant votre voyage, il n'est pas impossible que vous redécouvriez votre univers quotidien.
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La discrétion capverdienne : un mode d'accueil, une façon d'être
Quelques rencontres similaires, et vous en aurez fait l'expérience : les Capverdiens sont des gens plutôt simples, ouverts et curieux, très accessibles.
Si l'apprentissage scolaire des langues étrangères et leur attrait pour la découverte limite l'inhibition des enfants, les adultes ne sont pas en reste : même les aînés prennent plaisir à papoter avec les voyageurs, qui apprécient leur gentillesse.
Que vive la morabeza!
L'échange est à double sens car en retour, les Capverdiens bénéficient de ce contact. Il leur ouvre bien sûr une fenêtre sur le monde, leur donne l'occasion d'appréhender une culture étrangère et parfois, de mettre en balance ses attraits et ses défauts.
Mais ils sont surtout fiers d'échanger avec une personne venue d'ailleurs, d'accueillir comme il se doit un voyageur. A mille lieues d'adopter ainsi une attitude servile, ils ont l'impression de perpétuer la tradition, de faire de la morabeza une réalité tangible, d'insuffler la vie à la culture créole.
Au travers de leur généreuse morabeza, les Capverdiens éprouvent peut-être, au-delà du plaisir de donner, le bonheur d'être... capverdiens, tout simplement.