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La vallée de Paul

Arpentez l'étonnante vallée de Paul, l'une des perles du Cap-Vert, une longue oasis à l'abondante végétation, serrée entre deux barres montagneuses de l'île de Santo Antão, rencontrez ses agriculteurs et goûtez aux délices qu'ils produisent.

Vue sur la vallée de Paul, à Santo Antão (Cap-Vert).

Vue sur la vallée de Paul à Santo Antão

Jardin d'Éden

La luxuriante vallée de Paul est un petit paradis sur... la terre du Cap-Vert. Dans la profusion de cultures, canne à sucre, ignames et arbres fruitiers exotiques se disputent la vedette et créent des tableaux pittoresques. La nature, un brin exubérante, fait de cette vallée de l'île de Santo Antão un lieu enchanteur.

 

La vallée de Paul est l'un des endroits les plus verdoyants du Cap-Vert, tant et si bien que l'on se prend à imaginer, en la parcourant, que le pays pourrait bien lui devoir son nom.

Paysage luxuriante de la vallée de Paul au Cap-Vert.

Explorez la vallée de Paul avec Moda d'kaza :

  •    observez la production et la préparation du café

  •    visitez une distillerie, goûtez au grog

  •    allez à la rencontre des agriculteurs

  •    cuisinez les produits locaux avec un "chef" de la région

  •    découvrez les coins secrets et traditions du pays avec un habitant

  •    savourez un jus local face à un panorama à 360°

  •    dégustez une cachupa cuisinée au feu de bois

  •    logez chez l'habitant, au cœur de la vallée

  •    randonnez le long de la Ribeira, entre cultures et ruisseaux

Situation exceptionnelle dans ce pays du Sahel, les ressources en eau sont ici abondantes. Prenant sa source entre le cratère de Cova et le Pico da Cruz, la Ribeira do Paúl coule toute l'année le long de la vallée jusqu'à Vila das Pombas, un bourg comptant de belles maisons coloniales.

Des montagnes majestueuses, caressant les nuages, encadrent la vallée très encaissée. Ajoutant d'autres couleurs naturelles à la palette, elles offrent aussi de magnifiques points de vue.

Ribiera do Paúl (Cap-Vert).

C'est d'ailleurs un peu un peu grâce aux montagnes, arrêtant la course des nuages, que la vallée de Paul bénéficie de bonnes conditions hydriques. Les précipitations peuvent atteindre ici 700 mm par an, un niveau bien supérieur à la moyenne capverdienne, tandis que l'air frais venu de la mer toute proche, adoucissant le climat, contribue à maintenir l'humidité. Cet avantage a cependant une contrepartie : la forte déclivité tend à accentuer l'érosion lors des fortes pluies, qui transforment les rivières en torrents et arrachent régulièrement terre et blocs de pierre.

Une vallée astucieusement aménagée

L'homme a habilement façonné les pentes escarpées pour s'y installer et en tirer parti. La vallée de Paul est ainsi parsemée de hameaux de maisons traditionnelles en pierre couvertes de chaume, isolés mais reliés les uns aux autres par des sentiers, tandis que des terrasses habillent les montagnes jusqu'à mi-hauteur.

Hameau de la vallée de Paul au Cap-Vert.
Bassin de rétention d'eau dans la vallée de Paul.

Pour cultiver la terre, les hommes du pays, assistés de Madériens, experts en la matière, ont également construit un réseau sophistiqué d'irrigation. Il est constitué, entre autres, de centaines de bassins de rétention d'eau et de levadas (canaux) amenant l'eau jusqu'aux champs.

 

Ce travail remarquable ne les dispense pas de s'astreindre à une discipline stricte en matière de gestion de l'eau qui, bien qu'abondante, reste précieuse, d'autant que la vallée de Paul, comme l'ensemble du Cap-Vert, est touchée par la diminution des ressources hydriques.

Pour assurer une juste répartition et éviter tout gaspillage, les Mirin d'agua (gestionnaires de l'eau) actionnent, selon un calendrier précis, les vannes des bassins attribués à chaque agriculteur, la municipalité contribue au bon entretien du réseau et tous veillent à ce que l'eau ne déborde pas en chemin. C'est au prix de cette rigueur que les habitants continuent de donner vie à la vallée.

Les 243 hectares de la zone irriguée représentent moins du quart de l'ensemble de la superficie cultivée sur l'ensemble du district de Paul. L'étroitesse de l'espace, sur lequel la mécanisation est impossible, rend l'aménagement de la vallée d'autant plus impressionnant. Le plus petit espace est optimisé, le moindre fil d'eau astucieusement exploité.

Irrigation dans la vallée de Paul au Cap-Vert.

Un petit café?

Parmi les cultures introduites assez tôt au Cap-Vert figurent notamment le coton, mis en production dès le XVIème siècle, les plantes tinctoriales, la banane ou encore le tabac. Le café apparaît quant à lui plus tardivement, en 1790. Peu à peu, il est cultivé sur plusieurs îles, dont Santo Antão, et sa production, exportée vers Lisbonne, augmente rapidement.

Grains de café de la vallée de Paul au Cap-Vert.

Aujourd'hui, la production nationale est plutôt confidentielle. Mais les caféiers se plaisent dans la vallée de Paul, à une altitude inférieure à 1 000 mètres, où ils trouvent le climat doux et l'humidité nécessaires à leur croissance.

Au cours d'une balade facile ou d'une randonnée dans la vallée, il est plaisant de s'octroyer une vraie "pause-café" : de déguster un arabica réputé tout en échangeant avec les planteurs sur leurs méthodes de production et en s'initiant à la préparation du café à la mode locale.

Café

Terre de canne

Dans la vallée de Paul, les flèches de canne pointent sur les deux tiers de la surface irriguée. C'est en effet à Santo Antão que l'on produit le plus de canne à sucre. Introduite par les colons portugais au XVIème siècle pour la production de sucre, elle est aujourd'hui cultivée pour la production de grog.

Champ de canne à sucre de la vallée de Paul au Cap-Vert.

L'histoire du Cap-Vert au travers du trapiche

Trapiche (moulin à cannes) à Santo Antão au Cap-Vert.

Dès leur récolte, les cannes sont amenées par petits paquets, souvent à dos d'homme, dans l'un des trapiches de la vallée, où les producteurs s'attachent à produire un grog artisanal de qualité. Visiter un "moulin à cannes" est non seulement l'occasion de découvrir le mode de production de la boisson nationale, mais aussi de goûter aux différents produits de la canne à sucre : le grog, le mel (mélasse) et les liqueurs mariant délicatement les arômes de la canne et des fruits de la vallée. C'est aussi découvrir un pan du patrimoine local et remonter le temps car au travers du trapiche, c'est une page de l'histoire économique et sociale du Cap-Vert que l'on lit.

Canne

Marché en plein air

Petit à petit, se sont mêlées à la canne et au café des cultures vivrières, importées de divers continents et développées dans un souci de diversification alimentaire et économique : tubercules, légumes, fruits.

Parcourant les sentiers de la vallée de Paul, on longe ainsi des champs de manioc, de patates douces ou de pommes de terre, se frayant parfois un chemin entre feuilles d'ignames et ruisseaux.

Cultures en terrasses de la vallée de Paul.
Papayer au Cap-Vert.

Régulièrement, émergent dans le paysage des bananiers, ainsi qu'une grande variété d'arbres fruitiers exotiques : arbres à pain, cocotiers, manguiers, goyaviers, papayers, avocatiers, etc. La vallée produit ainsi largement de quoi fabriquer d'excellentes liqueurs et confitures, que l'on peut à loisir goûter et acheter en chemin, dans les coopératives gérées par des femmes des environs.

Les cultures vivrières, d'un meilleur rapport que la canne, alimentent la population locale mais fournissent également des marchés plus lointains : Santo Antão ayant pour mission, dans le schéma général d'aménagement général de l'archipel élaboré par l'État capverdien, d'assurer l'approvisionnement de Mindelo, une partie de la production prend le chemin de l'île voisine de São Vicente.

Papayer

Plus du tiers des familles du district de Paul ont aussi une petite activité, souvent complémentaire aux productions végétales, d'élevage de bovins, porcs, chèvres ou poules, autant d'espèces que l'on rencontre en chemin, dans les fermes ou à proximité des habitations ou des cultures.

Vache à Santo Antão.

Agriculteurs... et guides

Agriculteur de la vallée de Paul au Cap-Vert.

La population du district de Paul, aux trois quarts rurale d'après les premiers résultats du recensement de 2021 (l'un des taux les plus élevés du pays), vit toujours principalement de l'agriculture.

 

L'agrotourisme est donc ici tout indiqué. Aller à la rencontre de ses agriculteurs, qui sculptent jour après jour ces paysages magnifiques, c'est découvrir en profondeur la vallée de Paul. Ils nous enseignent leurs techniques de production, leurs méthodes d'irrigation, leur art de la construction des indispensables terrasses, les principes de logistique agricole en montagne, et bien plus...

Ainsi, on apprend qu'en zone humide, certains d'entre eux pratiquent toujours le métayage, dans lequel propriétaire et exploitant de la terre se partagent, parfois à parts égales, les récoltes. A priori injuste, ce mode d'exploitation de la terre est perçu par l'exploitant comme un moyen de se prémunir du risque de sécheresse, pour au moins une partie, même infime, de la surface cultivée.

Au fil des échanges, le voyageur prend conscience des difficultés auxquelles il faut faire face pour exploiter cet oasis : outre la question des ressources en eau et le risque d'érosion, citons à titre d'exemples les attaques de parasites, le risque de pollution, l'appauvrissement des sols, le manque de main d'oeuvre ou encore la difficulté à écouler certaines productions. Mais il constate aussi que les agriculteurs, tels Claudio ou Manuel, s'accrochent, poursuivant par exemple leurs efforts pour irriguer de façon de plus en plus efficiente les cultures, notamment en recourant à la micro-irrigation (goutte à goutte).

Agriculteurs de la vallée de Paul au Cap-Vert.
Agriculteurs

Du champ à l'assiette : 0 kilomètre

Cours de cuisine dans la vallée de Paul (Cap-Vert).

Imaginatifs et entreprenants, les agriculteurs développent aussi des activités complémentaires, accueillant par exemple les voyageurs auxquels ils font goûter les produits de leur terroir, le fruit de leur travail, avec la contribution de "chefs" locaux qui les valorisent sous forme de jus de fruits frais et de plats traditionnels ou originaux. Certains cordons bleus, comme Jojo, cuisinière inventive, vont jusqu'à révéler leurs secrets culinaires à ceux qui se posent dans la vallée pour un petit cours de cuisine capverdienne.

Cours de cuisine

Un espace naturel diversifié

L'écosystème agricole ne constitue qu'une partie de la biodiversité de la vallée de Paul, qui abrite également bon nombre d'espèces de plantes sauvages, dont certaines sont endémiques. La plus courante d'entre elles est une euphorbe, Euphorbia tuckeyana, plus connue sous le petit nom de Tortolho.

On rencontre également dans la vallée, entre autres, le fameux dragonnier, un brin hirsute. L'espace forestier de Panalto Leste (le plateau de l'est) tout proche de la vallée, couvrant une vaste étendue incluant une partie de Paul (dont Cova et le Pico da Cruz), accroît encore la biodiversité de la zone environnante : on y trouve notamment diverses espèces de pins, d'eucalyptus et d'acacias, partiellement exploités pour la production de bois de construction ou de chauffage.

Dragonnier à Santo Antão.

Dragonnier

La faune sauvage est constituée, outre les reptiles (lézards, gecko) et les insectes, d'oiseaux endémiques de l'île que l'on trouve en quantité dans la vallée. Ils jouent un rôle important, contrôlant la population d'insectes, de rongeurs, et d'autres oiseaux nuisibles, et contribuant ainsi à préserver les cultures et à protéger la population.

 

L'exploitation agricole de la vallée de Paul a bien entendu modifié l'écosystème : l'utilisation des pentes des montagnes pour l'agriculture, l'usage de certains végétaux pour l'alimentation des animaux ou à des fins médicinales a relégué certaines plantes endémiques aux endroits plus difficiles d'accès. De même, l'introduction de nouvelles espèces animales a modifié les équilibres. Néanmoins, les habitants ont su peu à peu se tourner vers une exploitation durable de la vallée, en veillant à la préservation de leur environnement.

 

Passagem, un centre balnéaire équipé d'une piscine d'eau douce, situé dans un espace naturel frais et vert de Paul, est un lieu idéal pour apprécier le calme et la biodiversité de la vallée, que l'on découvre également au fil des diverses randonnées possibles sur les nombreux sentiers.

Biodiversité

Rêves d'avenir

La population de l'ensemble du district de Paul est estimée, d'après les premiers résultats du recensement de 2021, à 5 700 âmes. Les habitants bénéficient d'avancées significatives mais beaucoup reste à faire. Ainsi, si quatre familles sur cinq disposaient de l'électricité dans leur logement en 2010, une sur deux cuisinait encore au bois. Nombreux sont ceux qui ont quitté la vallée, pour poursuivre leurs études, chercher un emploi, ou trouver de meilleures conditions de vie. Entre 2010 et 2021, le distinct de Paul aurait ainsi perdu 1 300 habitants, soit 18,6 % de sa population.

Joueur de tambour à Pico da Cruz (Cap-Vert).

Mais de nombreux enfants du pays, comme Jojo, Claudio, Manuel, Freddy, Antonio et leurs voisins sont restés. Ils ont choisi, chacun à leur façon, de faire de la rencontre entre habitants de la vallée de Paul et voyageurs une opportunité pour tous. Jojo régale les gens de passage, Claudio et Emmanuel les initient à l'agriculture en montagne, Antonio leur fait découvrir les traditions locales, Freddy les guide en ami dans son environnement quotidien et Edna leur procure l'introuvable dans sa petite mercearia de montagne, lieu d'approvisionnement et de rencontre.

Tous ont relevé le défi de développer un tourisme résolument responsable, et prennent plaisir, jour après jour, à accueillir les visiteurs avec toute la chaleur inhérante à la morabeza capverdienne. Quant aux voyageurs, ils apprécient de loger chez l'habitant, de s'immerger dans le quotidien des locaux, de partager avec eux des tranches de vie. Tous ensemble, ils rêvent d'un avenir radieux pour la belle vallée de Paul...

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Avec un habitant
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